Notre société est confrontée à une crise écologique profonde qui menace d'extinction la plupart des espèces vivantes et peut-être toute l'humanité. Cette crise est due à notre mode de vie qui épuise les ressources de la terre. Ce mode de vie semble intimement lié à notre cécité à notre propre vécu. En particulier, nous sommes déconnectés de la dimension « ressentie » de l'expérience, cette dimension vibrante et frémissante où s'évanouit la séparation entre espace intérieur et espace extérieur, où nous reconnaissons l'humain et la nature comme faits de la même matière, de la même « chair ».
Le clivage que nous créons entre espace « intérieur » et « extérieur » a pour effet de les priver tous les deux de vie, de les désanimer. Hors de l'espace, « l'environnement » non humain est perçu comme un espace indifférent et inerte, rempli de objets destinés à être possédés et exploités. Coupés de la source de la vie et du sens, nous sommes nous-mêmes vidés de notre énergie vitale. Cette déconnexion a des conséquences catastrophiques dans tous les domaines de l'existence humaine. Dans cette perspective, reprendre contact avec notre expérience est le préalable qui permettrait de retrouver notre lucidité, notre dignité et le courage de changer notre modèle de société.